Le phénomène du job-zapping
«Sur le principe, il n’y a pas de mal à changer d’employeur. Après, tout dépend de la fréquence de ces changements», met en garde Ludovic Bessière, directeur chez Hays. Selon lui, «hormis peut-être certains métiers chassés comme commercial ou développeur, des CDI qui s’enchaînent avec à chaque fois une durée en poste inférieure à deux ans posent la question de la fiabilité du candidat. Il faut avoir en tête que l’acte de recruter est un investissement pour une entreprise». Et comme dans tout investissement, elle attend un retour qui n’est généralement possible qu’après que la personne embauchée ait réussi quelques missions en son sein, soit après un an et demi à deux ans minimum.
La règle des 10%
Thierry Mageux, directeur business development chez Robert Half, préconise d’utiliser une règle simple pour déterminer combien de temps rester : «Il faut évoluer dans les 10 % de son âge environ. Quand on a 25 ans et qu’on est en recherche d’expérience, rester deux ans et demi est raisonnable, à 30 ans mieux vaut rester trois ans, etc. Dans la plupart des grands groupes industriels (banque, énergie, automobile…), on rechigne à embaucher ces personnes tentées par les sauts de puce par opportunisme».
Des changements non justifiés
Pour Sébastien Sanchez, directeur exécutif senior chez Page Personnel, il est surtout question de cohérence et de justification : «Par exemple, si vous avez quitté une entreprise en difficulté, il ne vous en sera pas fait reproche». Ce sens de l’anticipation pourra même être perçu comme une qualité. Il poursuit : «Certains secteurs ont aussi tendance à accélérer les changements de carrière, Dans le domaine des nouvelles technologies notamment, où les sauts technologiques sont rapides et les profils experts rares et convoités. Si c’est votre cas, on ne vous tiendra pas rigueur de changer souvent d’employeur au gré des opportunités qui se présentent à vous». L’explication peut aussi être d’ordre privée et s’entendre très facilement sans que le candidat n’ait à entrer dans les détails, juge Thierry Mageux : «Une mutation professionnelle pour rapprochement de conjoint par exemple, ça se comprend parfaitement. Mais ça ne fonctionne pas si le CV est rempli d’expériences courtes…»
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